Fragments – Volume I

9 novembre 2011


© Robert Etcheverry, Interprète : Catherine Viau.

Danse Danse présentait Fragments – Volume I du chorégraphe Sylvain Émard. Une œuvre marquante, où la créativité du chorégraphe est portée par quatre artistes magnifiques. Fragments – Volume I se veut un collage de courtes pièces, trois solos et un duo, et dépeint l’état d’urgence de ses quatre interprètes, soit trois danseurs et une comédienne.


© Robert Etcheverry. Interprète : Monique Miller.

L’œuvre s’ouvre sur un solo de Manuel Roque. L’artiste est présenté à l’envers sur une chaise, sous une lumière saisissante, agressive et avec une musique qui cadre parfaitement avec l’ambiance du solo qui va suivre. Peu à peu, en parfait contrôle de ses mouvements, l’artiste s’exécute avec précision. J’ai ressenti immédiatement un malaise et une incompréhension, accentués par l’environnement qu’habite Manuel Roque. Le solo parfaitement exécuté pose les bases de ce qui va suivre.

On poursuit avec le solo captivant et saisissant de Catherine Viau. En parfaite maîtrise de ses mouvements, elle nous  captive par ses mouvements imprévisibles, mais également par l’interprétation qu’elle livre à travers le corps qui l’habite, cet état qu’elle tente de vaincre. Assis tout près de la scène, j’ai ressenti l’angoisse et l’urgence qui l’habitait. La précision de ses mouvements et l’espace qu’elle occupe parfaitement ajoutent à ce solo, que j’aurais voulu sans fin.

Puis c’est le solo de Monique Miller, grande interprète du théâtre. Dans ce segment, elle avait l’air perdue, à la recherche de quelque chose de tangible, de familier. Plutôt minimaliste, elle occupe cependant l’espace avec une grande présence, ressentie dans ses moindres détails, ce qui lui permet d’habiter la scène et de me faire entrer dans son état d’urgence. De ses gestes minimes, mais bien sentis, elle est venue me chercher par son regard sans fond, perdu au loin. Des images marquantes et puissantes.


Photo © Robert Etcheverry. Interprètes : Laurence Ramsay, Manuel Roque.

Fragment s– Volume I se termine par le duo de Laurence Ramsay et Manuel Roque. Un duo tout  en puissance, qui se déchire et se rapproche, tantôt dominé, tantôt dominant. Je suis resté cloué à mon fauteuil tout au long de leur prestation, admirant leur présence, leur immense talent et la maîtrise de leur corps. Lumière et trame sonore soutiennent la qualité de leur duo, imprègnent l’atmosphère et nous entraînent. J’en redemanderais. Des images fortes, une complicité ressentie.

Sylvain Émard m’a sorti de ma zone de confort : j’assistais, témoin, à la naissance de quatre univers distincts, mais liés à cet état d’urgence. Sylvain Émard a construit une œuvre à la hauteur du talent de chacun de ses interprètes, et c’est ce qui ressort de chaque tableau. Je me sentais englouti dans cet univers; les quatre tableaux étaient tout simplement captivants par la qualité d’exécution, mais aussi du fait de la scène que chacun des interprètes a su brillamment utiliser. La trame sonore, la scène épurée et le jeu de lumière ajoutent à la complexité des genres. À travers la vision de ce chorégraphe, les artistes ont su rendre crédible le mal qui les habitait, si complexe et abstrait soit-il, grâce à la précision de leur exécution, au contrôle de leur corps et à la qualité de leur interprétation. J’en suis sorti remué et songeur, profondément marqué par le talent des quatre artistes, par des images puissantes et saisissantes, et ce, dans les quatre tableaux. Tout simplement magnifique. À voir.

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Volume I sur la route

La sortie du Volume II est prévue pour 2012-2013.