L’art de la murale, selon Marc O’Brien

1 octobre 2018

 

L’été est peut-être terminé, mais il se fait encore sentir au coin de la rue Ontario et du boulevard Saint-Laurent, à Montréal. Depuis le mois d’août, on peut y voir une impressionnante murale aux tons pastel, à mi-chemin entre la couverture de l’album iconique Yellow Submarine et l’univers éclaté d’Alice au pays des merveilles. Nous nous sommes entretenus avec l’artiste derrière la murale, Marc O’Brien, dustudio Doras.

 

Bien que la murale vous ait été commandée par ICI ARTV, on vous a laissé carte blanche dans sa conception. Quel message vouliez-vous véhiculer?

C’était plus un sentiment qu’un message : je voulais que la murale inspire la nostalgie et la réflexion, mais qu’elle soit aussi festive et absurde. Je crois qu’ICI ARTV représente toutes ces choses à travers son vaste répertoire. Le message qu’envoie la murale, c’est que l’art et la réalité ne peuvent jamais vraiment s’échapper; ils évoluent dans une relation constante et réciproque.

 

Quelles ont été vos sources d’inspiration pour la création de cette murale?

Je suis très inspiré par les artistes contemporains, tout particulièrement par les muralistes incroyables de Montréal. Puisque c’est une ville aux couleurs sobres où il se passe énormément de choses, j’aime beaucoup les murales qui sont plus simples et très colorées. Ce sont comme des oasis dans un désert de béton!

 

 

 

Pourquoi avoir choisi de représenter un groupe d’amis pique-niquant sur l’herbe – une scène typiquement montréalaise – dans le côté gauche de la murale?

Je voulais vraiment que la murale reflète la ville, et quand ICI ARTV m’a demandé de créer quelque chose à la fin de l’été, j’ai su qu’on y verrait une scène de parc. Comme beaucoup de Montréalais, je passe l’été dans les parcs avec mes amis, et la fin de la saison est toujours un peu mélancolique pour nous; on est amers parce qu’on sait que l’hiver arrive. J’avais envie que la murale fasse durer l’été encore un peu, avant qu’on se fasse bombarder par la neige!

 

Le côté droit est plus abstrait, nous plongeant dans un univers fantaisiste et éclatéQu’incarne-t-il pour vous?

Dans le côté droit, on assiste à une réalité qui s’enfonce dans une autre; c’est pourquoi il y a beaucoup de formes abstraites. C’est comme si l’art envahissait la réalité dépeinte dans le côté gauche. Je voulais que cette partie évoque la créativité et l’imagination, et qu’elle soit un peu absurde. Le cours d’eau qu’on voit, par exemple, représente une source d’inspiration.

 

 

Vous êtes un artiste multidisciplinaire. Qu’est-ce qui vous plaît le plus dans le fait d’avoir une murale comme canevas?

Bien que j'aime créer avec différents médias, l'illustration 2D a toujours été ma plus grande passion. Travailler sur une murale, c’est le rêve par rapport au travail en studio! On peut être dehors, on peut parler aux passants… Les gens sont tellement reconnaissants et respectueux : Montréal est une ville qui aime vraiment l'art public. J’adore le défi d’une murale à grande échelle et toutes les étapes que nous traversons en cours de production. Travailler en équipe, c’est génial; ça me permet d'être un peu plus ouvert dans ma pratique.

 

Quel est votre rapport au caractère éphémère des murales, au fait qu’elles finissent généralement par être effacées, après tant d’heures de travail?

Je sais depuis le départ que cette murale-ci ne demeurera que trois mois, donc je suis préparé! Par ailleurs, je ne suis pas vraiment sensible par rapport à mon travail. Je suis d’avis que lorsqu’une œuvre est terminée, elle ne nous appartient plus, encore plus lorsqu’il s’agit d’art public. Les villes changent et grandissent, et je pense que ça devrait aussi être le cas pour leurs œuvres. Je trouve que c’est une belle entropie, d’une certaine façon!

 

Les propos de Marc O’Brien ont été traduits librement de l’anglais au français.