Mon cher Vigneault, c’est à ton tour...

26 octobre 2018

 

Gilles Vigneault © Radio-Canada

 

Il y a 90 ans, le 27 octobre 1928, a vu le jour à Natashquan, un village du nord sur les rives du golfe du Saint-Laurent, celui qui deviendrait l’un des plus illustres chantres du Québec, Gilles Vigneault.

Il a grandi entouré par la forêt et la mer, dont il fait l’éloge dans son œuvre et qui cultivent en lui un amour viscéral de la nature, qu’il transmet dans ses textes, notamment par l’entremise de contes pour enfants.

Il s’indigne d’ailleurs aujourd’hui des projets de pipeline, qu’il conteste sans équivoque, incapable de ne pas imaginer, un jour ou l’autre, une marée noire déversée dans le Saint-Laurent. Il souhaite voir le peuple se mobiliser et clamer vertement son opposition, a-t-il confié au Devoir en 2016.

De son premier album, éponyme, en 1962, – qui recèle les classiques Jack Monoloy et La danse à Saint-Dilon – à Vivre debout, en 2014, se sont succédé plus d’une trentaine de disques, aux chansons folkloriques immortelles telles que Mon paysGens du paysTam ti de lam et Si les bateaux.

 

 

La voie de la poésie

Poète, compositeur, interprète, conteur, auteur, éditeur, comédien, metteur en scène... le monument a porté de nombreux chapeaux tout au long de sa prolifique carrière artistique – qui se poursuit toujours, d’ailleurs.

À 13 ans, Gilles Vigneault est parti étudier au Petit Séminaire de Rimouski – c’est à ce moment qu’a fait irruption dans sa vie une grande passion : la poésie. Il a ensuite étudié les lettres à l'Université Laval; il a alors fait paraître ses premiers textes dans des magazines étudiants, puis a fondé, en 1953, avec des amis la revue de poésie Emourie, qu'il a publiée 13 ans.

Il a par la suite enseigné le français, pour rapidement bifurquer vers l’écrit (il a entre autres été scripteur pour la télévision) et la scène, lui qui a également fait du théâtre. Durant les années 50, il est devenu directeur et metteur en scène pour la Troupe des Treize. En 1961, il a mis un sa carrière de pédagogue sur la glace.

C’est aux prémices des années 60 qu’il a dévoilé ses chansons au public. Sans tarder, il a enchaîné les boîtes à chansons, et ce, partout dans la province. En 1964, il a composé pour le film La neige a fondu sur la Manicouagan, d’Arthur Lamothe, la chanson Mon pays, qui, en plus de constituer l’un de ses plus grands succès, s’est inscrite comme un hymne national.

Son talent n’a pas tardé à franchir les frontières de la Belle Province. En 1966, il s’est produit pour la première fois sur le Vieux Continent, en France, pour ensuite, dès 1968, faire sa première grande tournée européenne.

 

À Québec, en 1969 © BAnQ, Jules Rochon

 

Son pays, le Québec

L’amour de la nature de Vigneault teinte sa poésie, tout comme celui de son pays et du peuple qui l’habite, le poète lui ayant consacré moult odes, telles que les emblématiques Les gens de mon pays, Gens du pays et Il me reste un pays. 

Il endosse la cause indépendantiste, de laquelle il s’est rapproché au début des années 70. Il a témoigné de sa ferveur patriotique en participant à plusieurs spectacles célébrant le Québec, dont la Superfrancofête, qui, en 1974, rassemblait 130 000 personnes sur les plaines d’Abraham; il y a chanté aux côtés de Félix Leclerc et de Robert Charlebois, menant au célèbre album J’ai vu le loup, le renard, le lion.

 

 

En 1975, il a chanté Gens du pays lors d’un spectacle sur le mont Royal. En 1976, il a partagé la scène avec Robert Charlebois, Yvon Deschamps, Jean-Pierre Ferland et Claude Léveillée lors d’un autre spectacle qui a passé à l’histoire, Une fois cinq, devant 300 000 spectateurs. Comme nombre de ses compatriotes, l’issue du référendum de 1980 l’a considérablement affecté.

 

Écrire pour les enfants

Celui qui a écrit une trentaine d’ouvrages, surtout de poèmes, a également destiné sa plume aux enfants. Depuis 1978, il leur signe des pièces de théâtre et maints livres-disque illustrés.

L’avenir des enfants occupe une place centrale dans le discours de l’écologiste. « C’est là qu’il est, l’espoir. À l’avenir, je crois que je ne créerai plus que pour les enfants », a-t-il dit au Devoir en 2016.

En 2003, il a renoué avec l’enseignement en tenant son premier atelier d’écriture de chanson et de poésie, auquel ont assisté de jeunes auteurs-compositeurs-interprètes, friands de conseils. Même après six décennies de carrière, le professeur Vigneault n’en a fini ni avec la poésie ni avec la transmission.