Occuper la chair : des romans qui traitent de notre rapport au corps

4 avril 2018

Clavicule et cou d'une femme

Photo by Tanja Heffner on Unsplash

Petits, gros, élancés, asymétriques, douillets, dangereux, idylliques, repoussants... On ne saurait trop dire que chaque corps est unique, que beau temps mauvais temps il est notre armure pour affronter le monde. Souvent la proie du regard des autres, il se retrouve trop peu loué dans toute sa splendeur et ses subtilités.

Chaque corps a une histoire à raconter et voici une liste d'auteures qui abordent avec sensibilité et intelligence le rapport que l'on entretient avec notre corps.

Une femme regarde à travers la fenêtre sur la couverture du roman GrosseGrosse, Lynda Dion (Hamac)

L'auteure Lynda Dion signe avec Grosse un ouvrage rentre-dedans, coup de poing à tous les égards. Habituée de l'auto-fiction, elle se livre comme jamais dans ce quatrième roman et partage avec le lecteur son obsession sans fin sur son poids. Un roman extrêmement confrontant à quiconque a déjà eu une relation amour-haine avec sa personne. Lynda Dion, nous tend un miroir de notre propre condition. Une lecture brute, violente, nécessaire.

 

 

 

prendrePrendre corps, Catherine Voyer-Léger (La Peuplade)

En quoi consiste un corps? Telle est la question à laquelle tente de répondre Catherine Voyer-Léger dans son quatrième ouvrage.  Par fragments poétiques, le livre propose des polaroids de l'intime et du quotidien de l'auteure tout en invitant le lecteur  «à penser le langage pour mieux panser la chair».

 

 

 

 

loin-du-corpsLoin du corps, Léa Simone Allegria (Seuil)

Dans ce premier roman, l'écrivaine française Léa Simone Allegria porte un regard vitriolique sur le milieu de la mode qu'elle connaît bien pour l'avoir fréquenté de très près. Elle dépeint la nouvelle vie du personnage d'Adrienne, une jeune femme qui se délecte des oeuvres du Musée du Louvre. Le hasard fait en sorte qu'elle pratiquera dorénavant le métier de mannequin. De spectatrice du beau, elle devient objet de convoitise, objet de désir. Dans un tel contexte, comment se réapproprier son corps lorsque ce dernier ne nous appartient plus?

 

 

Un pamplemousse ouvert sur la couverture du roman Déterrer les osDéterrer les os, Fanie Demeule (Hamac)

L'enfer: deux heures de machine elliptique par jour, suivi d'une heure de musculation, le tout récompensé par une clémentine. Dans ce premier roman de la jeune auteure Fanie Demeule, le contrôle, la quête de remettre à sa place un corps qui «déborde» devient un combat quotidien où la narratrice qui retrace ce calvaire ne peut que rendre les armes. L'écriture précise de Demeule invite à mieux comprendre l'anorexie et renvoie à cette chimère qu'est le corps parfait. Le récit a d'ailleurs été adapté par Gabrielle Lessard et sera présenté au Théâtre d'Aujourd'hui du 17 avril au 5 mai.

 

corpsCorps, sous la direction de Chloé Savoie-Bernard (Triptyque)

Chloé Savoie-Bernard a le vent dans les voiles: son livre Des femmes savantes (nouvelles, Triptyque, 2016) a entre autres été finaliste au Prix littéraire des collégiens et récipiendaire d'une mention d'honneur du Prix Adrienne-Choquette. Elle fait partie en 2017 des 10 jeunes auteurs à surveiller selon Plus on est de fous, plus on lit! et des 5 auteurs franco-canadiens à surveiller du blogue ICI ARTV. Voilà qu'elle dirige un collectif de textes fictionnels signés par des noms d'auteurs de la relève (Marilou Craft, Kevin Lambert, Emmanuelle Riendeau) et d'autres bien établis (Catherine Mavrikakis, Martine Delvaux, Maxime Raymond Bock.) Les textes ont tous le désir de montrer les différentes manières d'habiter son corps, rejoignant l'intime à l'universel.

 

 

Et vous, quelle lecture vous a fait réfléchir sur votre image corporelle?