Une vie sans fin : Beigbeder en quête de la vie qui bat

14 février 2018

Frederic Beigbeder sur le plateau de Tout le monde en parle en octobre 2012 / Crédit: Radio-CanadaFrederic Beigbeder sur le plateau de Tout le monde en parle en octobre 2012 / Crédit: Radio-Canada

Le plus récent roman de l’écrivain-vedette Frédéric Beigbeder n’est pas exactement ce qu’il prétend être. Frappé par son propre vieillissement qu’il n’avait pas vu venir, et sous le prétexte d’une grande enquête sur l’immortalité en mode journalisme gonzo, Frédéric Beigbeder offre en vérité un doux roman sur la paternité et un hymne à l’amour. Il n’a pas perdu sa plume accrocheuse.

La plupart du temps, il a été cynique et abrasif. Dans L’amour dure trois ans, même si l’appétit amoureux de Beigbeder se devinait à chaque détour de phrase, la défaite du romantisme triomphait. Dans 99 francs, putes et bagnoles de luxe aplatissaient tout espoir d’une vie d’amour et d’eau fraîche. Il s’est pourtant assagi en 2009 dans Un roman français, roman tendre sur son enfance et son adolescence. Le revoici dans un nouveau roman déguisé en enquête scientifique sur la posthumanité, à mi-chemin entre son écriture d’avant, nihiliste et dopée aux slogans publicitaires, et celle d’aujourd’hui, plus sereine et animée par une forte pulsion de vie.

La plume qui cogne

Couverture du roman Une vie sans fin de Frédéric BeigbederVoilà le Beigbeder nouveau. Un cinquantenaire qui tente de garder contenance. Conscient de sa finitude annoncée, qu’il tente d’observer avec lucidité, mais toujours éternel adulescent en quête de son attitude punk-rebelle d’antan. Toujours narcissique au possible, malgré une appétence pour la science et pour tout ce qui le dépasse ou qui pourrait l’élever. Toujours aussi habile avec les formules accrocheuses, avec une écriture qui flirte avec tous les genres, entre la pop et une écriture plus introspective, entre le journalisme allumé et le journal intime impudique.

La paternité comme prolongement de la vie

C’est surtout un père qui prend la plume dans ce roman protéiforme. Ses enfants sont en bas âge et le voilà qui craint de trop vieillir et de ne plus savoir les suivre. Avec sa fille Romy, il part donc en Suisse rencontrer des scientifiques qu’il questionne sur le séquençage de génomes, sur le clonage et sur les autres manipulations génétiques à anticiper. Il philosophe sur les augmentations et améliorations de l’humain par la science : un voyage aussi excitant qu’inquiétant dans la posthumanité.

En mêlant cette aventure scientifique à celle d’une vie privée de plus en plus dominée par une relation stimulante avec ses filles, en racontant par la bande un amour puissant avec une Suissesse pas comme les autres, Beigbeder raconte avant tout la paternité. La peur de la mort, thème récurrent chez lui, se traduit ici par un nouvel appétit pour son rôle de père, par une gourmandise envers la vie et par une soif inextinguible de transmission.

Il ne vieillit pas trop mal, Beigbeder.