Romans pour contrer la grisaille de novembre

22 novembre 2017

Novembre… Le cœur de l’automne, mais sans le grandiose des couleurs qui accompagnent octobre. L’intermède à l’hiver dans le froid, l’humidité, la mélancolie. Alors que le cloître semble pour plusieurs le seul remède afin d'éviter les affres de la météo, voici une liste de romans pour accompagner ce mois d’hibernation. Des romans lumineux, enivrants et qui chacun à leur manière sauront répandre un baume sur la grisaille de novembre.

Si tu passes la rivière_Damas_Hamac

Si tu passes la rivière, Geneviève Damas (Hamac, 2013)

Le premier roman de Geneviève Damas est une merveille, une ode aux mots et un appel à l’humanité. On suit le personnage de François, esseulé depuis le départ de sa sœur Maryse qui a « passé la rivière » malgré les interdictions, issu d’une famille de paysans sévère et fermée sur le monde, qui tentera de s’extirper de son monde miséreux en apprenant à lire. Si l’atmosphère est glauque, on s’éprend d’un attachement sans borne pour le jeune François. On s’émerveille au même rythme que lui pour les mots. Sa candeur fait du bien et bouleverse à la fois. On réitère : une merveille.

Saga Malaussène_Pennac_Gallimard

La saga Malaussène, Daniel Pennac (Gallimard, 1985-1999)

Quoi? Vous n’avez jamais lu les péripéties rocambolesques de Benjamin Malaussène, bouc émissaire professionnel, et de ses six frères et sœurs (tous d’un père différent)? Voilà qui devrait être chose du passé sous peu. On ne peut que tomber sous le charme de cette smala qui répond à toutes les règles sauf à celle du gros bon sens. La saga comprend six tomes depuis le premier paru en 1985, Au bonheur des ogres, et chacun nous rappelle ô combien Pennac sait manier les mots avec un sens de l’humour bien à lui. En compagnie des Malaussène, impossible de s’ennuyer, vraiment. D’ailleurs, un nouvel opus est paru plus tôt cette année inaugurant une nouvelle série mettant en vedette la célèbre famille française.

 

La petite et le vieux_Lavoie_XYZ

La petite et le vieux, Marie-Renée Lavoie (XYZ, 2010)

C’est l’histoire d’une petite fille, Hélène huit ans, qui préfère qu’on l’appelle Joe et qui a une imagination débordante. Dans son quartier de Limoilou, alors qu’elle passe les journaux et travaille dans une salle de bongo, elle fait la connaissance de son voisinage, des personnages colorés et attachants dont le plus mémorable demeure Monsieur Roger, un vieil homme qui rêve de mourir. On sera témoin de l’amitié sincère qui se développera entre lui et Joe et on ne pourra que s’éprendre d’affection également pour cet homme bourru, mais émouvant.

 

Chercher Sam_Bienvenu_Cheval d'aout

Chercher Sam, Sophie Bienvenu (Cheval d’août, 2014)

La prémisse du roman n’augure à première vue rien de bien joyeux : Mathieu, un jeune itinérant de Montréal perd sa chienne Sam, son point d’ancrage, celle qui le retenait encore au monde des vivants. Pour la retrouver, il interrompt sa vie d’errance et entamera un périple au travers la ville et dans son passé. C’est un roman qui parle de survivance et d’espoir, aussi infime soit-il, auquel il faut s’accrocher pour se reconstruire. La langue juste et affûtée de Sophie Bienvenu donne un souffle unique à ce livre. Un sentiment d’urgence s’empare du lecteur qui ne peut lire ce livre que d’un seul souffle, respirant une fois la dernière page tournée.

 

Kuessipan_Fontaine_Mémoire d'encrier 

Kuessipan, Naomi Fontaine (Mémoire d’encrier, 2011)

Ce livre est un bijou (et l’envie de le qualifier de petit chef-d’œuvre est grande). Naomi Fontaine partage avec beaucoup de doigté et de sensibilité le quotidien sur une réserve innue. Là où les femmes et les jeunes filles font des enfants pour être aimées et exister. On y rencontre des femmes, des hommes, des jeunes qui rêvent, qui pleurent, mais surtout qui vivent avec panache. Qui retrouvent l’humanité qui leur a été enlevée, qui revendiquent leur culture, leur territoire. Écrit comme un recueil de poésie, il y a une lumière grandiose qui se dégage de ces tableaux, loin, très loin, du traitement misérabiliste qu’on réserve d’ordinaire aux autochtones.

Boo_Neil Smith_Alto 

Boo, Neil Smith (Alto, 2015)

Voilà un roman à la trame narrative hautement originale : Oliver Dalrymple, que tout le monde appelle Boo en raison de son teint fantomatique, se réveille un matin dans un étrange endroit, le Village, peuplé de jeunes de 13 ans comme lui… qui sont morts. Car Boo est décédé devant son casier, sans trop se rappeler de ce qui lui est arrivé. Son cœur malade peut-être? Peu de temps après son arrivée, il fait la connaissance de Johnny, un camarade de classe qui fréquentait la même école, et qui lui raconte ce qui s’est réellement passé et que le responsable de leur sort pourrait se trouver au Village. Une histoire drôlissime sur l’amitié, sur le chemin à parcourir pour prendre sa place et apprendre à se connaître.

Quelles sont vos lectures réconfortantes?